Les principales préparations du sol

Les principales préparations du sol

Voici une liste non exhaustive des principales préparations nécessitant un travail du sol au potager. Nous y indiquons, lorsque cela est possible, comment s’en passer, ou comment en réduire les impacts négatifs.

Le bêchage

Traditionnellement réalisé avec une bêche, d’où son nom, le bêchage est là principale préparation du sol au potager. C’est lui qui permet de passer d’une structure dure à une structure souple, nécessaire pour la plupart des semis et des plantations. Mais c’est aussi une opération qui peut s’avérer pénible pour votre dos et traumatisante pour les habitants du sol! Pour ces deux raisons, le bêchage est de plus en plus remis en question.

  • Pénible pour le dos. Le maniement d’une bêche plate ou d’une bêche à dent classique nécessite de se baisser suffisamment, puis de remonter en soulevant quelques kilogrammes de terre, qui sont ensuite posés sur le côté par un geste de torsion mobilisant les poignets, les bras, les épaules et le dos! Ouf… Pas étonnant qu’à partir d’une surface de 100 à 200 m², on abandonne la bêche pour le motoculteur. Ce dernier n’en est pas moins pénible à utiliser: démarrage souvent difficile, vibrations dans les épaules et le dos. Ces dernières décennies, des bêches plus larges, conçues pour soulever la terre sans pour autant la retourner, ont vu le jour (voir Guérilu). Elles permettent un travail plus rapide et moins fatigant que les bêches classiques.
  • Traumatisant pour les habitants du sol. C’est le motoculteur qui perturbe le plus la vie du sol, mais même le travail avec des outils à main n’est pas anodin. Ave la bêche traditionnelle, le fait de retourner la terre enfouit en profondeur les bactéries et les champignons, qui ne peuvent pas remonter tout seuls vers la surface, les rendant inactifs pendant plusieurs mois (jusqu’à ce qu’un ver de terre en remonte quelques-uns). L’utilisation de la bêche plate n’est pas sans effet sur les vers de terre, surtout les endogés, qui étant plutôt en position horizontale dans la terre, se font facilement couper en deux à chaque coup de bêche.
  • Les méfaits du motoculteur. C’est surtout l’utilisation des fraises, qui tournent dans la terre à grande vitesse, qui est à déconseiller. La “farine” ainsi produite est néfaste à l’aération du sol, car elle détruit la porosité, et une fois humectée à nouveau, la terre, trop fine, prend en masse. De plus, les plus gros animaux du sol, et notamment les vers de terre, sont coupé en morceaux par les pièces métalliques tournant à grande vitesse. Mieux vaut utiliser les vers pour aérer son sol que de les couper en morceaux! Si néanmoins vous utilisez un motoculteur, évitez les deux périodes de forte activité des vers de terre: le printemps et l’automne. Profitez par exemple de belles journées ensoleillées d’hiver pour commencer à préparer votre sol, si celui-ci n’est toutefois pas trop humide. Le labour respecte davantage les animaux du sol et la structure, car il retourne des grosses masses de terre. Il a cependant l’inconvénient de tasser la terre en profondeur, créant une zone compacte appelée semelle de labour. Enfin il n’y a pas que les gros animaux qui soient perturbés par le travail du sol mécanique. Le réseau des filaments mycéliens est également en partie détruit par les fraises du motoculteur. Pour limiter les dégâts, utilisez les vitesses minimales de la machine, et travaillez dans le sens de la descente et non de la montée.

Adapter le bêchage à son type de sol

Le bêchage est plus ou moins aisé selon la structure du sol, elle-même liée à sa texture. Dans tous les cas, une chose est sûre: plus la terre est riche en matière organique, plus elle est facile à bêcher, car la densité des matières organiques est de deux à trois plus faible que celle de la plupart des terres cultivées, de sorte que lorsqu’on enrichit sa terre en matière organique, on l’allège. Les sols argileux sont les plus difficiles à bêcher, car ils sont trop mous lorsqu’ils sont humides, trop durs lorsqu’ils sont secs. Le mieux est de les bêcher grossièrement à l’automne, pour laisser faire la pluie et le gel en hiver. Après une pluie, les grosses mottes sont gorgées d’eau. Lorsque le gel survient, il les fait éclater. Petit à petit, les mottes deviennent de plus en plus petites, et au printemps, un passage du croc finit le travail. Ne marchez pas sur les zones que vous venez de bêcher. Prenez l’habitude de travailler en reculant, et préparez des planches de 80 cm de large environs, dont le centre est accessible de chaque côté sans piétinement.

L’incorporation des apports

C’est après le bêchage, et avant les semis ou les plantations, qu’il est préférable d’apporter les amendements minéraux ou organiques. L’enfouissement de fumiers ou d’engrais verts, avant le bêchage, est fortement déconseillé, surtout en sol lourd, car la décomposition ne pourra pas se faire correctement en profondeur. L’outil le plus pratique à utiliser est le croc. Il permet l’incorporation des matériaux fins comme le compost, ou plus grossiers comme les engrais verts. Le râteau est utilisé pour un apport plus superficiel, par exemple de compost ou de cendre. L’enfouissement n’est pas forcément nécessaire s’il est suivi immédiatement d’un paillage.

Les semis

Une fois la terre bêchée dans l’optique de l’aérer, elle n’est pas entièrement prête pour tous les semis, notamment ceux des graines les plus petites, comme celles des carottes, des choux, des laitues, etc. L’outil universel du jardin pour affiner la terre est le râteau. Si les mottes sont trop grosses, un premier passage au croc ou à la binette peut être utile, mais dans une bonne terre grumeleuse, le râteau suffit. Ne cherchez pas à obtenir une terre aussi fine que le diamètre des petites graines, car elle risque de prendre en masse à la première pluie. Il est préférable de conserver une granulométrie plus grossière et de tasser légèrement, avec le dos du râteau, pour assurer le contact des graines avec la terre. Semer directement dans une couche de compost facilite la germination et la levée des plantules. C’est intéressant notamment en sol limoneux, car on évite ainsi le phénomène de la battance qui se produit à chaque arrosage. Pour faciliter la levée, certaines graines, comme celles des haricots, peuvent être semées en poquets. Selon la formule “l’union fait la force”, les cinq à six graines qui germeront ensemble au fond du trou soulèveront beaucoup plus facilement la croûte de terre sèche qui les recouvre que si elles étaient semées en ligne loin les unes des autres.

Les plantations

Les plantations, en godets ou en racines nues, n’ont pas besoin d’une préparation aussi fine de la terre, surtout en surface. Il faut par contre veiller à ce que la terre soit bien souple en profondeur, et arroser abondamment après la transplantation pour faciliter l’enracinement des plants.

Le binage

Le binage est l’action de casser la croûte qui se forme dans les premiers centimètres lorsque la terre sèche. Cette croûte paraît compacte, mais elle est en réalité transpercée de milliers de petits canaux par lesquels la vapeur d’eau du sol s’échappe. La couche de terre binée, en général d’une dizaine de centimètres d’épaisseur, limite l’évaporation car les chemins verticaux qu’empruntait la vapeur d’eau du sol pour rejoindre l’atmosphère, ont été détruits. La maxime de jardinier “un binage vaut deux arrosages” est vraie… si on ne paille jamais son jardin. Car certes le binage permet d’espacer les arrosages, mais ces derniers sont indispensables et tassent peu à peu la terre, qu’il faut de nouveau biner… Et on passe tout l’été à arroser et à biner! Pour augmenter l’effet du paillage, il est recommandé de biner avant de le mettre en place, au printemps, une fois le paillis en place, plus la peine de biner de tout l’été. Le tomate, l’aubergine, le poivron, les courges, ne nécessitent aucun binage, si on prend soin de les pailler immédiatement après leur plantation, car la terre n’a pas le temps de sécher et de former une croute en surface. Il est d’ailleurs déconseillée de biner aux pieds de la tomate, car on risque de couper toutes les racines adventives qui partent à la base de sa tige.

Le buttage

En l’absence de paillage, les pommes de terre nécessitent en général un ou deux buttages, consistant à ramener de la terre au pied de chaque plant. Cette opération permet de maintenir les jeunes tubercules à l’abri de la lumière, tout en coupant les herbes indésirables. Le même résultat – maintient des tubercules dans l’obscurité et maîtrise des adventices – peut être obtenu en utilisant la technique du paillage. Il suffit de poser un paillis au fur et à mesure de la croissance des plants de pomme de terre. Trois passages, à environ deux semaines d’intervalles à partir de la levée, sont suffisants pour atteindre une hauteur de 20 cm. Cela prend à peu près le même temps que le traditionnel buttage, mais les gestes de pose du paillis sont beaucoup moins fatigants que ceux nécessaires au buttage, et la vie du sol est davantage préservée. De plus, la récolte est plus aisée et rapide, car les tubercules se développant à la surface du sol, il suffit d’enlever le paillis pour ramasser les pommes de terre. On peut également éviter le buttage des poireaux en les enfonçant profondément au moment de leur repiquage, pour que leur partie blanche soit plus longue. Cela permet aussi de les pailler dès la plantation.

Le sarclage

Sarcler consiste à couper les herbes à leur base à l’aide d’un outil à lame, sarcloir ou binette. C’est une opération délicate à effectuer autour des légumes, inutile si ces derniers sont correctement paillés. Là encore le paillage évite du travail bien superflu!

 

Source

Les clés d’un sol vivant: comment améliorer la terre de son jardin?” de Blaise Leclerc, éditions Terre Vivante